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Groupe de parole

Quelle posture professionnelle?

Les professionnels éducatifs savent qu’ils œuvrent désormais dans un contexte de traumatisme national, consécutif aux attentats réalisés sur le sol français. Car les actes terroristes touchent les individus et la société de manière multidimensionnelle. Ils provoquent des sentiments conscients et inconscients, dans la mesure où chacun sait qu’il aurait pu se trouver au concert du Bataclan, sur une terrasse en train de boire un café, ou dans la foule devant un feu d’artifice. Des individus ont été tués pour ce qu’ils étaient et non pour ce qu’ils avaient fait[1]. Ce type de « terrorisme intérieur » impacte forcément la vision du monde des citoyens, qui ont tous éprouvé un « sentiment de perte d’identité » (chacun se sent dorénavant attaqué parce qu’il appartient au groupe visé par les terroristes de manière indifférenciée)[2]  et celui de        « mort aléatoire » (la survie « par chance » peut potentiellement se transformer en culpabilité supplémentaire :  « Puisqu’aucune qualité intrinsèque ou positionnement ne m’a sauvé la vie, seul le hasard a joué en ma faveur… ») [3]
.  

Les psychologues rappellent qu’une société se radicalise toujours face à la radicalisation.

Un certain nombre de discours médiatiques et politiques ont tendance à perdre leurs grilles de lecture basées sur la complexité et l’interdisciplinarité pour tendre vers une vision de l’Ennemi uniforme, avec des explications unilatérales de causes à effets, parfois en miroir de la vision binaire des extrémistes violents. Ils jouent sur « la peur de l’autre », et notamment sur la peur de l’islam, pour reprendre de la légitimité sur certains citoyens.

Ces derniers se retrouvent coincés dans un débat bipolaire : d’un côté, un discours «anti-islam» prétend que cette religion serait par nature archaïque, incompatible avec l’égalité hommes-femmes, la laïcité, etc. De l’autre, un discours « pro-islam » affirme que l’islam est une religion supérieure qui a réponse à tout et/ou que toute critique reviendrait à une posture discriminatoire.

Le résultat est inquiétant: d’un côté, de plus en plus de musulmans ont le sentiment que leur religion ne sera jamais acceptée et certains entraînent les plus fragiles à faire de la surenchère pour « résister ». De l’autre, nombreux sont les non-musulmans qui ont le sentiment que l’islam « veut faire la loi » et qu’il faut lutter contre cette religion par essence très différente des deux autres monothéismes, avant qu’elle ne s’impose et ne prenne le pouvoir.

Les perceptions de l’intégration, de la citoyenneté, de l’altérité, du vivre-ensemble, de la laïcité deviennent floues, perdent leur définition juridique et historique pour devenir idéologiques…

 

Au croisement de toutes ces interactions sociales, psychologiques, historiques, institutionnelles, politiques, etc., les travailleurs sociaux se retrouvent en première ligne sur le terrain face à des jeunes qui mettent parfois en avant « du religieux » dans la relation à l’adulte et aux institutions. Certains adhèrent aux idéologies radicales ou se replient sur eux-mêmes, se séparant « des autres » et de toute citoyenneté. D’autres exacerbent leur aspect religieux comme leurs grands frères teintaient leurs cheveux en rouge… D’autres surinvestissent le religieux pour des besoins identitaires, de repères, de sens de la vie, etc.

Savoir analyser le sens et la fonction de cette « mise en avant du religieux » souvent provocatrice et/ou d’un surinvestissement religieux doit faire partie des compétences des professionnels de la jeunesse, afin de réfléchir au meilleur accompagnement éducatif possible.

 

Ils doivent notamment arriver à distinguer ce qui relève des droits et devoirs de la liberté de conscience (laïcité) et ce qui révèle un début de processus de radicalisation qui pourrait in fine mener au séparatisme ou à l’extrémisme violent.

 

Les travailleurs sociaux - au sens large - sont au cœur du système de prévention.

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UN GROUPE DE TRAVAIL (PAR ZOOM CAR REGROUPANT DES PROFESSIONNELS DE TOUTE LA FRANCE) EST OUVERT TOUS LES 3ÈMES JEUDIS DE CHAQUE MOIS, DE 18H À 19H30, POUR ABORDER CES SUJETS À PARTIR DE VOS SITUATIONS, AVEC DOUNIA BOUZAR ET ELSA CHAMBOREDON.

--> PRIX DE LA SÉANCE : 20 EUROS PAR PROFESSIONNEL 

(ADHÉSION À L'ASSOCIATION FACULTATIVE)

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[1] Concept explicité dans les travaux de Hannah Arenth.

[2] Cf les analyses de Josse E. et Dubois V., « interventions humanitaires en santé mentale dans les violences de masse », De Boeck, 2009 et/ou Marie Frédérique Bacqué, Apprivoiser la mort, Odile Jacob, 2002.  

[3] Ibid

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